L’extinction de l’intuition


Imaginons un monde où l’intuition humaine subsiste, fragile mais vibrante, dans les interstices de la conscience. Un monde encore peuplé de fulgurances inexplicables, de pressentiments absurdes qui parfois tombent justes, comme des flèches tirées dans l’obscurité et qui pourtant atteignent leur cible. Ce monde est le nôtre — ou plutôt, était

Maintenant, supposons que l’intelligence artificielle ne tue pas l’intuition humaine. Posons-le comme hypothèse initiale. Accordons cette générosité au futur : les machines calculent, prédisent, suggèrent — mais l’humain, lui, continue d’intuitionner. De ressentir sans analyser. De décider sans prouver. De flairer le bon chemin dans le brouillard du chaos.

Mais alors : à quoi sert-elle, cette intuition, face à la clarté glacée des algorithmes ?

Une IA ne ressent rien. Elle ne devine pas. Elle ne croit pas. Elle calcule. Elle observe les motifs là où l’humain ne voit que désordre. Elle remplace les frissons inexplicables par des prédictions chiffrées. Elle n’a pas besoin d’intuition, parce qu’elle a les données. Des milliards. Des téras de signaux faibles, analysés sans fatigue ni ego.

Et que fait l’homme face à cela ? Il consulte ChatGPT, puis Google, puis Midjourney, puis son Apple Watch. Il se tait. Il délaisse l’élan intérieur. Pourquoi écouter sa petite voix floue quand une machine peut lui dire, avec précision, ce qui va se passer ? Qui va gagner. Où aller. Qui aimer.

L’intuition devient un luxe inutile, une antique superstition dans un monde d’oracles technologiques. Elle est jugée dangereuse, irrationnelle, coûteuse. Elle devient un bruit de fond. Pire : un bug.

Alors, si notre hypothèse de départ (que l’IA ne tue pas l’intuition) était vraie, il faudrait que l’homme résiste à la tentation de la précision absolue. Qu’il accepte de se tromper, au nom du mystère. Qu’il choisisse le doute plutôt que la réponse.

Mais c’est intenable. L’histoire humaine est une fuite en avant vers la certitude.

Donc, par l’absurde, si l’intuition devait survivre, il faudrait que l’humain renonce au confort algorithmique — ce qu’il ne fera jamais.

Ainsi, l’intelligence artificielle tuera l’intuition humaine, non par violence, mais par obsolescence.

Hello les esprits libres. Dites-moi, est-ce que selon vous, à force de confier nos décisions aux algorithmes, on risque de débrancher peu à peu notre boussole intérieure ? L’IA va-t-elle anesthésier notre intuition ou bien l’amplifier ?


Parce que l’âme ne disparaît pas en un cri. Elle s’éteint dans un silence parfaitement prévisible.